Evident LogoOlympus Logo
Blogue InSight

L’art de la chimie : rencontrez le tout premier lauréat du concours « IOTY » en sciences des matériaux

By  -
Shyam Rathod, lauréat de l’IOTY 2022 en sciences des matériaux

Cet été, nous avons annoncé les gagnants de l’édition 2022 de notre concours annuel Global Image of the Year (IOTY), qui récompense les meilleures images obtenues en microscopie optique dans le monde entier. Pour l’édition 2022, nous sommes allés chercher plus loin que les images du domaine des sciences de la vie pour inclure une nouvelle catégorie des plus intéressantes : la catégorie « Science et génie des matériaux ».

Nous avons maintenant le plaisir de vous faire découvrir le tout premier lauréat du prix « IOTY » en sciences des matériaux, Shyam Rathod, un chercheur qui vient d’Inde. Son image lauréate représente un sujet très original : le cristal d’un médicament à usage topique utilisé pour le traitement des verrues. Nous sommes revenus avec Shyam sur les coulisses d’une image aussi réussie, pour mieux comprendre les ingrédients d’une prise de vue d’une telle maîtrise.

Q. : Que nous montre votre image lauréate ?

Shyam : L’image montre le cristal microscopique d’un médicament topique, combinant de l’acide salicylique et de l’acide lactique, utilisé pour traiter les verrues cutanées (on parle également de traitement kératolytique ou de verrucide). Elle représente la structure qui s’est développée pendant le processus de cristallisation de la substance sur la lame de microscope. 

Image lauréate de l’IOTY 2022 en science des matériaux montrant un cristal de verrucide

Image lauréate de l’IOTY 2022 dans la catégorie « Science et ingénierie des matériaux ». Prise de vue effectuée par Shyam Rathod, d’Inde. L’image montre le cristal d’un médicament topique pour le traitement des verrues vendu sous le nom d’ABE et disponible en Pologne. Une goutte de médicament a été déposée sur une lame de microscope en soufflant avec une paille. L’image a fait l’objet d’une seule prise de vue. Un retardateur et un filtre de polarisation à double croisement ont été utilisés pour faire ressortir les couleurs.

Q. : Que trouvez-vous d’intéressant sur cette image et son sujet ?

Shyam : Ce que je trouve le plus fascinant, c’est que la photomicrographie nous offre une fenêtre qui permet d’admirer le travail de la nature, car la nature tisse différents motifs dans l’espace et le temps à l’échelle microscopique. C’est un mariage entre art et science, dans lequel un support scientifique est utilisé pour créer une image artistique.

L’image obtenue montre la beauté du sujet au niveau microscopique, qui imite le monde réel avec ses belles structures. Acquérir une telle image nécessite non seulement une bonne compréhension scientifique et un certain talent artistique, mais aussi de l’endurance physique et mentale pour réussir à enclencher le bouton de la caméra du microscope au moment exact où la magie se produit.

Q. : Comment avez-vous obtenu cette image ?

Shyam : La création de l’image a d’abord impliqué la préparation des lames et le réglage de la photographie. Au départ, j’ai placé une goutte du verrucide, une combinaison d’acide salicylique et d’acide lactique, sur une lame. Cette goutte a ensuite été pressée au moyen d’une autre lame et déplacée délicatement pour former une couche mince.

Au fur et à mesure que la couche sèche, elle commence à cristalliser. J’ai observé le processus de cristallisation au microscope. Ce qui était visible pendant la formation du cristal ne représentait qu’une partie infime (une section d’environ 1 mm) de la lame complète. J’ai ensuite fait des prises de vue des régions d’intérêt. L’image a été obtenue au moyen d’une caméra montée sur le microscope, en cliquant au moment exact de la formation du cristal, lorsque cette belle structure naissait.

Le microscope utilisé a été modifié pour une observation en lumière polarisée (deux filtres de polarisation, coupés aux bonnes dimensions, ont été insérés dans le trajet optique : l’un sous la tête et l’autre sous le condenseur). Une caméra pour microscope a été montée sur la tête trinoculaire. Un objectif Olympus LCPlanApo 20X a été utilisé. Un coupleur maison a été utilisé. Nous l’avons conçu et fabriqué sur une imprimante 3D.

Verrucide

Cristal de verrucide utilisé pour créer des images artistiques au microscope. Image reproduite avec l’aimable autorisation de Shyam Rathod.

Q. : Quels défis avez-vous rencontrés lors de l’acquisition de cette image ?

Shyam : Le développement des cristaux de médicament s’achevait en quelques secondes, il n’était donc pas évident de sélectionner la bonne région à imager pendant la toute petite fenêtre de temps disponible. Il a fallu préparer des centaines de lames de test pour obtenir cette image. Selon les rotations du retardateur, j’ai obtenu des résultats de couleurs différentes, et j’ai choisi la plus belle image.

Un autre défi a été de me procurer un microscope avant de commencer à faire de la photomicrographie. J’ai dû économiser longtemps pour pouvoir m’acheter un microscope. Comme le microscope que j’ai acheté n’était pas adapté pour des observations en lumière polarisée, j’ai dû bricoler un peu avec deux filtres de polarisation pour caméra, en les découpant pour qu’ils conviennent à mon microscope. J’ai utilisé du cellophane bon marché (comme retardateur) pour faire ressortir les couleurs. Le parcours pour arriver à l’image finale a été laborieux, car l’écosystème entier s’est construit sur plusieurs années.  

Q. : Pourquoi avez-vous choisi cette image pour le concours IOTY ?

Shyam : Cette image a été obtenue après un effort intense. La texture, la composition et les structures colorées qui ont émergé à l’échelle microscopique, imitant le monde extérieur, ont été un moment magique que j’ai réussi à prendre en photo. J’ai choisi cette image car c’est celle que j’ai trouvé la plus belle.

Q. : Quel message souhaiteriez-vous faire passer à propos de l’image ?

Shyam : Le fait que « rien n’est immuable dans notre univers, que tout évolue continuellement » peut s’observer au microscope au cours du processus de cristallisation. La nature est vraiment belle, même au niveau microscopique, mais il faut avoir l’œil pour s’en apercevoir. Heureusement, nous avons des microscopes et différents objectifs qui nous permettent de regarder le monde de l’infiniment petit. Je pense que la microphotographie consiste à exploiter le côté positif de la science, et c’est une façon de rendre la science plus populaire auprès de la population générale et des étudiants. On pourrait en faire un passe-temps. 

On peut obtenir un microcristal à l’aide d’un seul produit chimique ou d’une combinaison de divers produits chimiques par dissolution de ces produits dans une solution ou par fusion du produit chimique en poudre sur un dispositif de chauffage à température contrôlée. Les possibilités ne manquent pas. Différentes combinaisons de produits chimiques donnent lieu à des structures différentes, qui ne cessent de changer dans l’espace et le temps à l’échelle microscopique.

La photomicrographie des cristaux est un art rare. J’ai toujours l’impression de vivre une aventure lorsque je pénètre dans le monde microscopique par l’intermédiaire du microscope. C’est une expérience rare et enrichissante, et une bonne façon de dépenser son temps et son argent. C’est quelque chose dont il faut faire l’expérience par soi-même.

Q. : Où et quand avez-vous utilisé un microscope pour la première fois ?

Shyam : J’ai été initié à la microscopie quand j’étais enfant, à l’école. Pendant mes années à l’école, je m’étais acheté un petit microscope pour observer des échantillons biologiques. Plus tard, mon utilisation du microscope a été interrompue pendant plusieurs dizaines d’années, pour refaire surface lorsque j’ai rejoint le groupe Crystal Art Photomicrography sur Facebook, un groupe créé par Loes Modderman. Avant, j’observais aussi le monde céleste au télescope et je prenais des images astrophotographiques.    

Q. : À quel moment vous est venue l’idée d’utiliser des microscopes pour faire de l’art ? Qu’est-ce qui vous a inspiré en premier ?

Shyam : Je suis reconnaissant au groupe de Loes Modderman et à tous les membres actifs, en particulier Yogendra Joshi, d’avoir fait naître ma passion en m’envoyant différents produits chimiques à observer au microscope. En regardant les photographies de microcristaux prises par d’autres membres du groupe en ligne, j’ai eu envie de poursuivre mon voyage à l’échelle microscopique. La majeure partie de mon inspiration vient de la communauté. La beauté des œuvres produites a fait que j’ai continué à m’y intéresser, jusqu’à en faire ma passion aujourd’hui. 

Cristallisation d’un verrucide observée au microscope

Cristallisation d’un verrucide observée au microscope. Image reproduite avec l’aimable autorisation de Shyam Rathod.

Q. : Depuis combien de temps créez-vous des images artistiques avec un microscope ?

Shyam : Je me consacre à l’art de la photomicrographie cristalline depuis trois à quatre ans maintenant. Avant cela, j’avais surtout observé des échantillons biologiques au microscope et des objets célestes au télescope.

Q. : Que trouvez-vous le plus fascinant dans la microscopie ?

Shyam : La microscopie est un bon moyen d’utiliser le temps qu’on a sur cette planète. Elle ouvre une fenêtre sur le monde de l’infiniment petit. Dans le tumulte du monde macroscopique, tout le monde devrait avoir l’occasion de pouvoir observer le monde microscopique. Nous avons dépensé tellement de ressources pour créer des choses qui ont un potentiel de destruction. À l’inverse, la microscopie est une solution abordable pour observer le processus de création. Je crois qu’il peut être une force positive dans le monde, car différents esprits peuvent faire des découvertes différentes susceptibles d’enrichir les connaissances de l’homme. C’est ce qui rend la microscopie fascinante, en dehors de sa beauté et de l’émotion qu’elle peut susciter.

Q. : Quelle est votre profession et quel est votre parcours scolaire ?

Shyam : Je travaille pour la Maharashtra State Electricity Transmission Company (MSETCL) en tant qu’ingénieur exécutif adjoint. La MSETCL est une entreprise publique relevant du gouvernement du Maharashtra dont le cœur de métier est le transport de l’électricité. Je suis titulaire d’une licence en génie électrique de l’Institut technologique Veermata Jijabai (VJTI) de l’Université de Mumbai (Inde).

Q. : Votre profession est-elle liée à l’imagerie ou s’agit-il plutôt d’un passe-temps, d’une forme d’art ou d’une passion pour vous ?

Shyam : Ma profession n’a rien à avoir avec l’imagerie. Je fais de la photomicrographie après le travail et le week-end par passion. Je fais mon métier par devoir, et je fais de la microphotographie par passion. C’est quelque chose qui me procure beaucoup de bonheur.

Fusion de paracétamol et d’urée observée en microscopie à lumière polarisée

Imagemontrant la fusion du paracétamol et de l’urée observée en microscopie à lumière polarisée avec un flash de caméra.
Image reproduite avec l’aimable autorisation de Shyam Rathod.

Q. : Sur quoi travaillez-vous actuellement, tant sur le plan professionnel qu’artistique ?

Shyam : Dans le cadre de ma pratique de la photomicrographie, je travaille depuis quelque temps avec différents produits chimiques pour fabriquer des cristaux. Je me tourne lentement vers la réalisation de vidéos du développement des cristaux en recourant à différentes techniques et produits chimiques.

Q. : Souhaitez-vous nous dire autre chose sur votre expérience dans le cadre du concours IOTY ?

Shyam : Je suis très heureux de m’être vu remettre un stéréomicroscope SZ61 pour avoir remporté le prix IOTY en science des matériaux. Je n’aurais jamais pu m’acheter un microscope d’une telle qualité. Il est précis et idéal pour l’imagerie.

J’apprécie énormément le travail effectué par Evident, qui permet de faire connaître au monde entier l’art qui se cache dans à l’échelle microscopique, simplement depuis sa maison dans une petite ville ! Le concours IOTY peut être une source d’inspiration pour de nombreuses personnes. Il peut également offrir une solution à tous ceux qui, comme c’était le cas pour moi, ont du mal à mettre la main sur un appareil de microscopie satisfaisant pour réaliser leur rêve. 

L’art de la science des matériaux – participez au prochain concours IOTY

Notre concours IOTY 2023 approche à grands pas ! Vous aimeriez créer et nous envoyer vos propres images en science et en ingénierie des matériaux ? Pour tenter l’aventure, inscrivez-vous à notre newsletter pour être parmi les premiers à connaître les détails de notre prochain concours d’imagerie. Pour trouver l’inspiration, rendez-vous sur notre page IOTY pour télécharger l’image gagnante de Shyam et en faire un superbe fond d’écran pour votre ordinateur ou votre smartphone.
 

Contenu connexe

Trois techniques de microscopie qui transforment l’ordinaire en remarquable

Le potentiel de l’analyse d’images basée sur l’IA en métallographie et en analyse des matériaux

Découvrir la beauté insoupçonnée du sable grâce à la microscopie numérique
 

Staff Writer

Rebecca holds a bachelor's degree in journalism from Endicott College and writes about trends and technologies in science and industry. She works closely with Evident engineers and scientists to write pieces about the latest remote visual, microscope, ultrasonic, eddy current, and phased array technologies. Follow her work to learn about Evident’s latest for numerous applications, including manufacturing QA/QC, maintenance, mining, and more. 

septembre 21, 2023
Sorry, this page is not available in your country
InSight Blog Sign-up
Sorry, this page is not available in your country
Let us know what you're looking for by filling out the form below.
Sorry, this page is not available in your country